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đŸ‡«đŸ‡· La scĂšne française du Lettrage — JĂ©rĂ©mie Bonne

Artistes, Inspiration, Interviews| Views: 1611

En septembre, nous dĂ©butions cette section pour prĂ©senter la scĂšne du lettering français en proposant de rentrer chez un nouvel artiste tous les mois. AprĂšs Steph’, un incontournable pour entamer cette section, ce mois-ci c’est au tour de JĂ©rĂ©mie Bonne de nous ouvrir la porte de son atelier qu’il a exportĂ© Ă  l’extĂ©rieur pour cette occasion.

 

Qui est Jérémie Bonne ?

JĂ©rĂ©mie Bonne est le genre d’artiste dont on aime ou on n’aime pas le style. C’est un touche Ă  tout qui adore explorer pour aller toujours plus loin. Sa marque de fabrique ? Les couleurs acidulĂ©es qui font vibrer vos rĂ©tines. Loin des Lettering Artists traditionnels, il apporte une belle touche de fraĂźcheur qui n’est pas Ă  nĂ©gliger pour trouver un autre axe d’inspiration. Vous avez d’ailleurs pu apercevoir un de ses travaux dans l’article d’inspi’ sur le challenge Together. Mais qui est rĂ©ellement JĂ©rĂ©mie Bonne ? Laissons-lui la parole :

Je suis JĂ©rĂ©mie Bonne, graphiste bordelais de 37 ans et amoureux de la lettre sous toutes ses formes. J’ai travaillĂ© dans la publicitĂ© durant une douzaine d’annĂ©e et puis peu Ă  peu, j’ai rĂ©alisĂ© que ce qui m’avait poussĂ© Ă  me diriger vers la crĂ©ation Ă©tait totalement absent de mon quotidien. Ce sont les challenges du groupe Facebook Je Me Mets Au Lettering auxquels j’ai beaucoup participĂ© qui m’ont fait comprendre l’importance pour moi de chercher, tester, dĂ©couvrir. Depuis, j’ai fortement redirigĂ© ma carriĂšre vers le logo et le lettrage en rĂšgle gĂ©nĂ©rale. Je travaille principalement sur Illustrator et Photoshop mais depuis peu aussi sur Glyphs. J’aime aussi travailler le papier dĂ©coupĂ© et de temps en temps la broderie. Mon prochain challenge, maĂźtriser l’Ipad !

 

Le projet de Jérémie Bonne

Il y a quelques mois, j’ai Ă©tĂ© contactĂ© par le journal Le Monde via le collectif De MĂšche pour intervenir sur le Festival international de journalisme qui a lieu tous les ans, au mois de juillet, Ă  Couthures sur Garonne. Les Apprentis Lettreurs m’ont demandĂ© de raconter cette expĂ©rience et c’est ce que je vais faire


Jérémie collant ses affiches durant le festival

 

La parole à Jérémie Bonne

Revenons au mois de mars dernier : Les premiers beaux jours arrivent et avec eux le coup de fil d’un ami, Olivier Specio, plasticien, qui me propose de former un team pour rĂ©pondre Ă  la demande du Monde qui lui est faite. Cette demande est assez simple, animer pendant la durĂ©e du festival, l’espace public du petit village de Couthures en apportant une lecture artistique aux divers thĂšmes qui y seront abordĂ©s (l’intelligence artificielle, l’aprĂšs #metoo, le rapport entre journalisme et politique, la dĂ©sinformation
 j’en passe).
Comme vous vous en doutez, j’ai acceptĂ© sans rĂ©flĂ©chir. Il soumet donc mon book ainsi que celui d’un troisiĂšme larron qui n’est autre que le graffeur John Bobaxx. Quelques jours passent et le quotidien revient vers nous pour valider l’équipe. L’aventure commence.

Je dois avouer que, contrairement Ă  mes deux compĂšres, je n’avais pas une grande expĂ©rience du live painting, j’avais animĂ© un atelier calligraphie pour une soirĂ©e organisĂ©e par une marque de spiritueux et j’avais rĂ©alisĂ© des vitrines de boutiques pour les soldes ou NoĂ«l. Et c’était tout. Et donc, si je me sentais honorĂ© d’avoir Ă©tĂ© invitĂ©, j’avais aussi une peur bleue de me planter et ma rĂ©action premiĂšre fut de travailler ardemment ma calligraphie. Il Ă©tait toutefois peu probable que mon niveau s’amĂ©liore de façon significative en quelques semaines. Il me fallait trouver un moyen de :

  1. Me rassurer sur ma capacitĂ© Ă  produire un travail Ă  la hauteur (il y a « international » dans l’intitulĂ© du festival)
  2. Cacher mes lacunes (qui bizarrement ne sautent pas aux yeux de tout le monde)
  3. M’amuser

 

 

Cette solution miracle est venue avec le sens. En effet, je savais (je sais) que sur le plan technique et esthĂ©tique, je suis loin d’avoir le niveau que je souhaiterais. Je devais donc dĂ©porter le problĂšme sur le fond et non la forme. Et c’est d’ailleurs ce Ă  quoi sert le lettrage : donner du sens aux mots. De jolies lettres qui ne servent pas le texte ou qui apportent par leurs formes ou leurs connotations une ambiguĂŻtĂ© au texte, c’est Ă  mon avis, tout ce qu’un (apprenti) lettreur doit Ă©viter.

Je me suis donc attelĂ© Ă  Ă©crire des questions « absurdes » mais pas dĂ©nuĂ©es de sens (au propre comme au figurĂ©), avec l’idĂ©e d’en faire des affiches faites mains et Ă  l’avance surtout, histoire de ne pas arriver les mains vides (c’est malpoli) et de commencer le live painting avec la sensation d’avoir « dĂ©jà » fait le job.
Ces affiches, en voici quelques-unes.

 

 

J’ai essayĂ© avec ces affiches de donner une autre vision des thĂ©matiques du festival et de soulever par le biais de l’humour des questions qui n’étaient peut-ĂȘtre pas abordĂ©es au cours des diverses confĂ©rences. Je voulais interpeller les festivaliers et pour cela, il me fallait ĂȘtre pertinent. Il fallait Ă©galement lier les affiches entre elles, car je savais que je devrais les dissĂ©miner Ă  travers le village. J’ai donc choisi 2 typos seulement, une casual et une mĂ©cane qui me permettaient de ne pas m’éparpiller dans les styles et de crĂ©er un jeu de hiĂ©rarchie faisant ressortir les mots importants, accentuant ou attĂ©nuant la portĂ©e de certains mots.

J’avais donc crĂ©Ă© mes 21 affiches et j’étais bien plus Ă  l’aise Ă  l’idĂ©e de travailler avec plusieurs dizaines de paires d’yeux derriĂšre moi. J’avais prĂ©parĂ© quelques citations trouvĂ©es sur internet Ă  cette fin.

J’arrive donc dĂ©but juillet avec mes acolytes et je commence Ă  coller mes affiches.

Nous avions reçu l’autorisation du maire pour investir certains murs mais c’était au final un espace trop restreint. Il a fallu donc convaincre les habitants d’accepter d’intervenir sur leurs façades. Si les premiers ont Ă©tĂ© rĂ©ticents, trĂšs vite d’autres sont venus nous proposer leurs maisons pour coller, dessiner, exposer. L’accueil des Couthurains a vraiment Ă©tĂ© une superbe surprise. TrĂšs vite nous sommes passĂ©s d’un espace d’expression de deux ou trois murs Ă  la totalitĂ© du village. J’ai fait mon premier lettrage dans une petite rue sans passage et pour tout vous dire, il Ă©tait trĂšs moche mais trĂšs vite les mouvements se sont dĂ©liĂ©s, la main s’est libĂ©rĂ©e et je me suis senti hyper Ă  l’aise. 

 

 

 

 

 

 

C’était assez agrĂ©able de travailler avec les commentaires toujours trĂšs sympathiques des festivaliers. Beaucoup s’arrĂȘtaient pour discuter, Ă©changer sur notre travail ou sur le festival en gĂ©nĂ©ral. Il est clair que cette expĂ©rience m’a Ă©normĂ©ment boostĂ©. Quand on est lettreur, on a plus souvent l’habitude d’entendre qu’il y a dĂ©jĂ  bien assez de typo comme ça et que ce que l’on fait peut ĂȘtre fait sur Word. LĂ , c’était tout l’inverse. Les gens Ă©taient intĂ©ressĂ©s et intĂ©ressants. 

Pour conclure, je crois que je n’hĂ©siterai plus Ă  participer Ă  des projets qui me mĂšnent dans l’inconnu. Il faut faire pour apprendre et accepter que l’on n’est pas obligĂ© d’ĂȘtre le meilleur pour ĂȘtre reconnu comme professionnel. Le principal est de prendre du plaisir Ă  faire les choses, ça rejaillit toujours sur le rĂ©sultat.

 


OĂč trouver JĂ©rĂ©mie Bonne

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Merci à Jérémie Bonne pour cette excursion dans la rue et ces paroles encourageantes !
Rendez-vous le mois prochain pour découvrir un nouveau projet et un nouvel artiste !

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